mardi, juillet 25, 2006

aniline

C'est un colorant violet sombre dans lequel les électeurs doivent tremper leur doigt pour ne pas voter deux fois...C'est à Bogotà en 1957,une junte militaire est installée pour des élections libres après la chute du Général Rojas Pinilla...Je me rends à l'Hopital San Juan de Dios dans le centre de la ville pour une histoire de don de sang...Il y a eu des blessés et je suis toujours volontaire... Des moines Franciscains ,pieds nus dans leurs sandales sillonnent les rues...quand ils sortent et crient: "rentrez chez vous!","rentrez chez vous!",çà va mal!très mal ...Les pauvres du quartier sud s'acheminent,en effet, vers le quartier nord en scandant :"botas!no!...botas !no!...botas!no!Me voilà dans une souricière.Les tanks arrivent, ils sont déjà là :je cours ,nous courons...Il vont nous écraser? Pensez-vous ils vont nous arroser,le jet d'eau çà doit faire mal... Dans les réservoirs des tanks,il n' y pas d'eau mais de l'aniline et j'aurais du m'en douter...Un jet puissant fit de moi une tache gluante d'un violet sombre.Adieu,le rose de mes soieries,adieu le vert pomme de mes souliers délicats...J'étais un monstre brutalisé, méconnaissable, terrifié...Il me fallut deux semaines pour effacer sur ma peau les traces de cette violence...Deux semaines sans travailler,dans cette ville chère,je dus faire du "qui dort dine"...Personne ne vint consoler "pobrecita la Francecita anémica"...(la petite Française anémique...)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Comment as-tu fait pour te retrouver là, Diplo?

diplodocus continental a dit…

J'ai simplement machouillé un bout de journal,et je l'ai lancé sur un globe terrestre qui tournait et plouf,c'est tombé sur Bogotà !Bien sur çà aurait pu tomber ailleurs.Nous étions gidien à l'époque et l'acte gratuit avait un sens.J'avais choisi Bogota pour faire une exposition de peinture...

Anonyme a dit…

La soierie,la peinture,les tanks de la junte militaire çà ne va pas ensemble,une jeune fille idiote en plus,qui dijoncte pour des histoires de compassion,il n'y a rien de plus "con" face à la réalité brutale ...

diplodocus continental a dit…

De quelqu'un comme çà on dit ,à cette altitude "No aterriza" .Ce qui veut dire que je n'atterris pas